Comment protéger les cerisiers des oiseaux ?

La culture de la cerise est particulièrement sensible aux attaques d’oiseaux, notamment des étourneaux, connus pour se déplacer en grand nombre. Mais ils ne sont plus les seuls, merles, corneilles, grives, pies, moineaux, pigeons et bien d’autres peuvent causer des pertes économiques considérables en seulement quelques jours à peine.

Sans dispositif de protection, ces pertes peuvent atteindre dans certaines régions, jusqu’à 40 % de la récolte. Face à cette pression croissante, la mise en place d’un système de lutte efficace devient une priorité économique pour les arboriculteurs.

Cet article propose un tour d’horizon des différentes solutions de protection des cerisiers contre les oiseaux, en analysant leurs principes, leur efficacité, leurs limites, ainsi que les critères de choix pour une stratégie adaptée à chaque type de verger.

Les types de dommages causés par les oiseaux

Les attaques d’oiseaux sur cerisiers surviennent généralement dans les quelques semaines qui précèdent la récolte, lorsque les fruits atteignent leur maturité et présentent une teneur en sucre maximale. Ces attaques peuvent provoquer plusieurs types de pertes, avec un impact direct sur la rentabilité de l’exploitation : 

Perte directe de récolte

Les oiseaux consomment directement les cerises mûres en les picorant, ce qui entraîne :

- Fruits éclatés ou percés,

- Chute prématurée des fruits

Dans les vergers non protégés, ces pertes peuvent atteindre 20 à 40 % selon la pression aviaire et la durée de l’attaque.

Dépréciation commerciale

Même lorsqu’un fruit n’est pas entièrement consommé, les blessures superficielles entraînent une baisse de la qualité visuelle, rendant les cerises invendables en frais, et engendrant bien souvent un déclassement. 

Risques phytosanitaires

Les blessures laissées par les coups de bec favorisent la pénétration d’agents pathogènes :

- Champignons : moniliose, pourritures diverses.

- Bactéries opportunistes.

- Accélération du processus de décomposition des fruits.

- Cela peut entraîner une contamination rapide des fruits voisins, aggravant les pertes.

Les stratégies de protection disponibles

Les filets anti-oiseaux : la solution de référence en arboriculture

Principes de fonctionnement

Parmi l’ensemble des dispositifs de protection disponibles, le filet anti-oiseaux reste la méthode la plus fiable et la plus pérenne pour protéger les cerisiers. 

Contrairement aux solutions d’effarouchement, qui perdent rapidement en efficacité, le filet constitue une barrière physique empêchant totalement les oiseaux d’accéder aux fruits. Il agit par simple exclusion mécanique, sans effet dissuasif sonore ou visuel. 

Correctement installé, il bloque efficacement tous types d’oiseaux, du petit passereau aux espèces plus grandes, tout en restant neutre vis-à-vis de l’environnement.

Avantages techniques

- Efficacité proche de 100 % si installation correcte,

- Protection physique totale sans dépendance au comportement animal,

- Longue durée de vie avec un entretien adapté,

- Compatible avec d’autres protections (anti-grêle, anti-insectes),

- Aucun danger pour la faune, 

Inconvénients techniques

- Investissement initial plutôt élevé,

- Main-d’œuvre nécessaire pour installer et démonter les filets,

- Risque de gêne pour pollinisation si posé trop tôt,

- Système d’ouverture à prévoir pour l’accès aux opérations culturales et à la récolte,

- Rangement des filets à l’abri durant l’hiver pour prolonger leur durée de vie.

En arboriculture professionnelle, les filets sont souvent intégrés à des systèmes multifonctions combinant protection contre les oiseaux, la grêle et parfois les insectes. Ce type d’installation mutualisée optimise l’investissement et la rentabilité.

Les effaroucheurs acoustiques 

Outils disponibles : 

- Canons effaroucheurs à gaz : détonations à intervalles réguliers pour effrayer les oiseaux. 

- Effaroucheurs sonores électroniques : diffusion de cris de détresse propres aux espèces ciblées ou de sons de prédateurs.

- Ultrasons : sons incommodants pour certaines espèces mais efficacité limitée.

Limites :

- Efficacité limitée dûe à l’habituation rapide

- Nuisances sonores réglementées (interdictions horaires en zones habitées).

Les effaroucheurs visuels

Outils disponibles : 

- Cerfs-volants en forme de rapace : mouvement visuel imitant un prédateur.

- Ballons réfléchissants ou effaroucheurs holographiques : effet lumineux et mouvement au vent.

- Silhouettes ou mannequins prédateurs / épouvantails

Limites :

- Efficacité limitée dûe à l’habituation rapide

Bonnes pratiques relatives aux effaroucheurs visuels et sonores : 

- Rotation et combinaison des méthodes pour éviter l’habituation.

- Les utiliser en complément d’une protection physique, surtout en début de maturité.