Comment lutter efficacement contre la mouche de la carotte ?

La mouche de la carotte, de son nom latin psila rosae, est l’un des ravageurs les plus redoutés en cultures légumières, notamment par les producteurs de carottes, mais aussi de panais, de céleri ou encore de persil. 

Présent dans la majorité des bassins de culture français, ce petit ravageur souterrain peut, en l’absence de protection adaptée, causer des pertes considérables et rendre une grande partie de la récolte invendable.

La division agro de Diatex vous propose alors quelques conseils pour vous aider à lutter efficacement contre la mouche de la carotte.

Comprendre la biologie et le cycle de vie de la mouche de la carotte

Pour lutter efficacement contre la mouche de la carotte, et réduire ses impacts, il est important de bien connaître son cycle de développement et ses périodes d'activité : 

Identification du ravageur

La mouche de la carotte adulte est un petit diptère noir à reflets rouges métalliques, mesurant entre 4 et 5 mm de longueur à l’âge adulte. 

On la reconnaît via :

- sa tête orange-rougeâtre,

- son corps noir métallique,

- des ailes translucides,

- un vol discret, souvent proche du sol.

Ce n’est pas la mouche (l’adulte) qui cause les dégâts sur les légumes, mais bien sa larve.

Œufs et larves : les stades nuisibles

Après accouplement, la mouche femelle pond ses œufs dans le sol, dans un rayon de 40 à 60 cm autour des plantes-hôtes, et apprécie particulièrement les apiacés :

carotte (la plus touchée),

mais aussi, aneth, cerfeuil, persil, panais, céleri, fenouil...

Les œufs éclosent après quelques jours seulement, et les larves (asticots de couleur jaune crème qui peuvent atteindre jusqu’à 10 mm) pénètrent alors dans les racines pour s’y nourrir. 

Ce sont bien ces larves qui :

- creusent des galeries / tunnels,

- provoquent des déformations,

- rendent les racines sensibles aux champignons et pourriture,

- et déclassent donc les récoltes à la vente.

Une seule femelle peut pondre plus de 100 œufs, rendant les attaques très destructrices.

Nombre de générations par an

Le nombre de générations successives de mouches de la carotte sur une année dépend de la région et des conditions climatiques (elles adorent les étés chauds et humides), mais on observe généralement :

GénérationPériode de vol des adultesRisques
1èreAvril à juinAttaques sur les jeunes semis
2èmeJuillet à aoûtAttaques sur les racines plus matures
3ème (selon saisons)Parfois en septembre

Les pupes (formes de nymphose) peuvent hiverner dans le sol, ce qui explique la persistance du ravageur d’une année sur l’autre, notamment en l’absence de rotation culturale.

Conditions favorables au développement

Les mouches de la carotte et leurs larves apprécient :

- des sols frais et humides,

- les végétations denses, qui les protègent de l’exposition au vent et au soleil,

Ces conditions sont fréquentes dans les parcelles maraîchères, ce qui rend l’espèce particulièrement problématique en agriculture professionnelle.

Dégâts sur les cultures 

Apparition des premiers signes (début du printemps)

Dès les premiers vols de la mouche de la carotte, vers les mois d’avril-mai,  les femelles pondent à la base des jeunes plants. 

Dès l’éclosion, les larves commencent à attaquer les radicelles, provoquant un ralentissement de croissance. A ce stade, les impacts sont encore très peu visibles.

Développement des dégâts (mai à juillet)

Au fur et à mesure que les larves pénètrent plus profondément dans les racines, un flétrissement du feuillage s’observe, souvent localisé en taches dans la parcelle. 

Les carottes présentent des galeries brunâtres et sinueuses, invisibles de l’extérieur mais décelables lorsqu’on les coupe.

Conséquences tardives et secondaires (été – août à septembre)

Les tunnels creusés par les larves favorisent l’installation de champignons, bactéries mais aussi et surtout une pourriture qui rendent les racines impropres à la consommation. 

En cas d’infestation sévère, les pertes de rendement peuvent dépasser les 50 %.

Les différentes méthodes de lutte contre la mouche de la carotte

Barrières physiques 

- filets anti insectes

La protection par filets anti-insectes est l’une des méthodes les plus efficaces et respectueuses de l’environnement. 

Un maillage inférieur à 0,8 mm empêche les mouches adultes d’atteindre les plantes pour pondre. Les filets doivent être installés immédiatement après le semis ou la plantation et maintenus hermétiquement au sol.

- paillage

Le paillage peut également limiter la ponte, en créant une barrière visuelle et physique qui perturbe la reconnaissance des plants par l’insecte.

Mesures culturales

La rotation des cultures sur au moins trois ans, le choix de dates de semis évitant les pics de vol, et l’éloignement des parcelles de carottes des zones déjà infestées sont des pratiques préventives essentielles. L’entretien des abords, pour éviter les plantes hôtes sauvages, réduit aussi les risques.

Piégeage et surveillance

L’utilisation de pièges englués permet de détecter la présence des mouches adultes et de suivre les pics d’activité. Cette observation guide la mise en place des interventions au moment le plus opportun.

Introduction d’auxiliaires 

Certaines espèces de prédateurs et parasitoïdes, comme des hyménoptères spécifiques, peuvent limiter les populations de larves, bien que leur efficacité dépende fortement des conditions environnementales.

Lutte chimique

En dernier recours, des insecticides homologués peuvent être utilisés, en ciblant les périodes de vol identifiées par la surveillance. L’application doit être raisonnée afin de limiter l’impact sur les auxiliaires et éviter le développement de résistances.

Zoom sur les filets anti-insectes

Les filets anti-insectes constituent aujourd’hui l’une des solutions les plus fiables pour protéger les carottes contre la mouche (Psila rosae). 

Leur principe est simple : créer une barrière physique empêchant l’insecte adulte d’atteindre les plants pour y pondre. Pour être efficaces : 

ils doivent présenter un maillage inférieur à 0,8 mm et être installés dès le semis, sans interruption jusqu’à la fin des vols. 

Le filet doit recouvrir intégralement la culture, être solidement fixé au sol et dépourvu de toute ouverture par laquelle les mouches pourraient s’introduire. 

En plus d’être respectueux de l’environnement et compatible avec l’agriculture biologique, ce dispositif protège également contre d’autres ravageurs volants. Toutefois, il convient de surveiller la gestion de la condensation et de la chaleur sous le filet, notamment en été, afin d’éviter un stress thermique aux plantes. 

Bien entretenus, ces filets peuvent être réutilisés plusieurs saisons, offrant ainsi une protection durable et économiquement rentable.